Des débuts "en chantés"
Comment est née la comédie musicale égyptienne ?
Phénomène cinématographique de la première moitié du XXe siècle, le film musical ne laissa aucun pays indifférent. Mais l’Égypte a éprouvé pour ce genre une véritable passion amoureuse : pour des millions de personnes à travers le monde, impossible d’oublier les déclarations d’amour chantées d’un Farid al-Atrache à la danseuse Samia Gamal, ou de la magnifique Asmahan à un Youssef Wahbi subjugué. Les années 1930 marquent le début de la domination de la comédie musicale sur tous les autres genres cinématographiques. Elle va offrir aux spectateurs des mélodies parmi les plus belles de l’histoire musicale égyptienne.
Si elle est influencée par la comédie musicale hollywoodienne, c’est dans sa propre évolution musicale que s’inscrit la naissance de la comédie musicale à l’égyptienne. Elle emprunte à l’opérette, qui puise elle-même à une tradition théâtrale récente, laisse une grande place aux interprétations musicales et jouera un rôle important dans le développement et la diffusion de styles musicaux nouveaux. De nombreux mythes de la musique arabe s’illustrent dans les opérettes, tels Cheikh Salama Higâzî, considéré comme son précurseur, ou encore Sayed Darwich, véritable héros national égyptien. Le succès de ce genre codifie certaines pratiques théâtrales autant qu’il dessine les contours de la nouvelle musique populaire égyptienne.
La révolution du cinéma parlé est une aubaine pour les producteurs de musique et de cinéma, conscients du potentiel des comédies musicales auprès du public. En 1932, Mario Volpe réalise La Chanson du cœur (Unshûdat al-fu’âd) avec quelques grands noms de l’époque, comme la chanteuse Nadra et le compositeur et interprète Zakaria Ahmad. C’est néanmoins la comédie musicale La Rose blanche (al-warda al-baydhâ’), la même année, qui marque le début du phénomène des comédies musicales. Avec en tête d’affiche l’un des plus importants musiciens du XXe siècle, Mohammad Abdel Wahab, le film remporte un succès certain par-delà les frontières de l’Égypte.
La trame narrative de la comédie musicale est celle du mélodrame romantique, fait de suspense, d’amours tourmentées, de destins empêchés, les personnages exprimant toute une gamme d’émotions à travers le chant. En solo ou en groupe, la scène chantée crée une complicité émotionnelle entre le spectateur et les personnages, et insuffle une féérie qui en fait un monde à part – d’autant plus que les comédies musicales véhiculent une image fantasmée du mode de vie bourgeois et du quotidien des artistes de cabarets.
En 1936, Oum Kalthoum, alors en concurrence avec la star de l’époque, Mounira al-Mahddiya, tient le rôle principal dans le premier film exclusivement réalisé par des Égyptiens, Weddad. Un pur produit des mythiques studios Misr, fondés en 1936 par le riche homme d’affaires et mécène Talaat Harb, et la plus grosse production de son temps. L’année 1936 est aussi celle d’une nouvelle révolution pour ce pays en pleine mutation : la danse fait sa grande entrée au cinéma. C’est Badia Massabni qui introduit les premières chorégraphies dans son film La Reine du music-hall (Malikat al-masârih). Voilà qui bouleverse la structure du mélodrame chanté : la danse va durablement s’installer dans les comédies musicales et en devenir l’un de ses ingrédients phares…
Hajer Ben Boubaker
Si elle est influencée par la comédie musicale hollywoodienne, c’est dans sa propre évolution musicale que s’inscrit la naissance de la comédie musicale à l’égyptienne. Elle emprunte à l’opérette, qui puise elle-même à une tradition théâtrale récente, laisse une grande place aux interprétations musicales et jouera un rôle important dans le développement et la diffusion de styles musicaux nouveaux. De nombreux mythes de la musique arabe s’illustrent dans les opérettes, tels Cheikh Salama Higâzî, considéré comme son précurseur, ou encore Sayed Darwich, véritable héros national égyptien. Le succès de ce genre codifie certaines pratiques théâtrales autant qu’il dessine les contours de la nouvelle musique populaire égyptienne.
La révolution du cinéma parlé est une aubaine pour les producteurs de musique et de cinéma, conscients du potentiel des comédies musicales auprès du public. En 1932, Mario Volpe réalise La Chanson du cœur (Unshûdat al-fu’âd) avec quelques grands noms de l’époque, comme la chanteuse Nadra et le compositeur et interprète Zakaria Ahmad. C’est néanmoins la comédie musicale La Rose blanche (al-warda al-baydhâ’), la même année, qui marque le début du phénomène des comédies musicales. Avec en tête d’affiche l’un des plus importants musiciens du XXe siècle, Mohammad Abdel Wahab, le film remporte un succès certain par-delà les frontières de l’Égypte.
La trame narrative de la comédie musicale est celle du mélodrame romantique, fait de suspense, d’amours tourmentées, de destins empêchés, les personnages exprimant toute une gamme d’émotions à travers le chant. En solo ou en groupe, la scène chantée crée une complicité émotionnelle entre le spectateur et les personnages, et insuffle une féérie qui en fait un monde à part – d’autant plus que les comédies musicales véhiculent une image fantasmée du mode de vie bourgeois et du quotidien des artistes de cabarets.
En 1936, Oum Kalthoum, alors en concurrence avec la star de l’époque, Mounira al-Mahddiya, tient le rôle principal dans le premier film exclusivement réalisé par des Égyptiens, Weddad. Un pur produit des mythiques studios Misr, fondés en 1936 par le riche homme d’affaires et mécène Talaat Harb, et la plus grosse production de son temps. L’année 1936 est aussi celle d’une nouvelle révolution pour ce pays en pleine mutation : la danse fait sa grande entrée au cinéma. C’est Badia Massabni qui introduit les premières chorégraphies dans son film La Reine du music-hall (Malikat al-masârih). Voilà qui bouleverse la structure du mélodrame chanté : la danse va durablement s’installer dans les comédies musicales et en devenir l’un de ses ingrédients phares…