Les divas sur grand écran #fiche

Les divas dans les films

Quelle place au cinéma pour les divas ?

Faten Hamama et Abdel Halim Hafez dans le film « Rendez-vous avec l’amour » (Maw'id gharam) Réalisé par Henri Barakat Egypte, 1956 Paris, Photothèque de l’IMA ©IMA
Héritières des almées égyptiennes, les artistes féminines de l’âge d’or égyptien devaient avoir plus d’une corde à leur arc : chanteuses, mais aussi comédiennes et danseuses. Car dès l’émergence du cinéma parlant, la comédie musicale monopolise les écrans. Le rôle du studio Misr dans l’avènement du film musical est important : dès son lancement, la maison de production investit dans les comédies musicales, et la moitié des films produits l’est avec une bande originale. C’est que les chanteuses font partie de la formule gagnante mise en place par la toute jeune industrie égyptienne pour conquérir le cœur du public. Le grand écran permet de voir ses artistes préférés à moindre frais pour qui ne peut assister aux prestigieux concerts ou se rendre dans les fameuses sala, les cabarets. Toutes les divas se seront essayées au cinéma, avec plus ou moins de longévité.

Oum Kalthoum, pourtant connue pour avoir rapidement privilégié sa seule carrière de chanteuse, a joué dans six films musicaux, la plupart sous la direction du grand réalisateur Ahmed Badrakhan. Restés dans les mémoires, des films comme Widad (1936), Aïda (1943) ou encore Fatma (1947), offrent de redécouvrir une Oum Kalthoum plus jeune et différente de l’image mythique de la diva sur scène. C’est encore sous la direction d’Ahmed Badrakhan que Asmahan interprète son premier rôle sur grand écran, en 1941, dans Victoire de la jeunesse (lnstisar al-Shabab). Disparue en 1944 dans un tragique accident de voiture, Asmahan ne laisse que cette comédie musicale et une seconde, le célèbre film posthume Amour et vengeance (Gharâm wa intiqâm). Comédie musicale dans les règles de l’art, ce film mythique contient les plus célèbres chansons de la diva.

Asmahan, d’origine syro-libanaise, n’est pas la seule vedette aux origines non égyptiennes. La talentueuse Nour al-Houda, d’origine libanaise, illumine les écrans dans près de 30 films et y interprète plus de 100 chansons, notamment aux côtés de Farid al-Atrache dans Le Bijou (al-Jawhara, 1943). Elle s’inscrit dans le chemin ouvert par d’autres Levantines telles qu’Assia Dagher (1908-1986), émigrée du Liban, une des pionnières qui joue dans 20 films. Sa nièce, Mary Queeny (1916-2003), est la première femme à apparaître non voilée à l’écran. La célèbre chanteuse libanaise Sabah, autre diva proche-orientale à percer en Égypte, est d’ailleurs repérée par Assia Dagher, alors productrice, qui la signe pour son premier film musical Le cœur n’aime qu’un seul (El qalb louh wahed) en 1944. Elle traversera l’âge d’or avec plus de 80 films au compteur.

Fayrouz s’essaye au cinéma plus tardivement, à partir des années 1960, dans trois films qui mettent en scène les comédies musicales qu’elle interprète sur scène. La première à être portée à l’écran est Le Vendeur de Bagues (Biya el-khawatim) en 1963. Ces films sont des productions libano-syriennes, mais ils sont réalisés par deux grands noms du cinéma égyptien, Youssef Chahine et Henri Barakat.

Quant à Warda, elle débute sa carrière cinématographique dans Almaz et Abdo al-Hamuli en 1963 avant de marquer une pause de dix ans. Elle revient en 1973 dans La Voix de l’amour (Sout Al Hob) et poursuit l’aventure dans deux films qui font partie des dernières comédies musicales produites avec une diva.
Hajer Ben Boubaker

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