Lamia Ziadé #fiche

Lamia Ziadé

Que raconte l’illustratrice et plasticienne Lamia Ziadé dans ses œuvres ?

Lamia Ziadé, illustratrice et plasticienne (Beyrouth, Liban)

Dessinatrice, peintre, plasticienne, écrivaine… : nombreux sont les qualificatifs qui peuvent être associés à Lamia Ziadé. Plus encore, c’est une véritable historienne du monde arabe aux traits de crayons colorés, archéologue des mémoires et de la culture populaire.

Lamia Ziadé quitte son Beyrouth natal en 1987 pour poursuivre des études à l’École supérieure d’arts graphiques Pennighen, à Paris. Elle s’essaye avec brio à de multiples projets créatifs tels que l’illustration de livres pour la jeunesse ou l’illustration d’un roman érotique consacré au plaisir féminin. Son talent est reconnu, et elle débute une carrière de plasticienne agrémentée de nombreuses expositions, avec des incursions dans l’industrie du luxe et la publicité.

Lamia Ziadé n’avait jamais cessé de revendiqué sa culture arabe ; celle-ci revient au centre de son œuvre lorsqu’éclate le conflit israélo-libanais de 2006. L’artiste replonge alors dans l’histoire de son pays, ressuscite des bouts d’histoire collective, des madeleines de Proust personnelles, pour naviguer avec aisance dans les souvenirs d’un XXe siècle agité.

Lamia était encore enfant lors de la guerre civile qui a déchiré son pays. C’est cette tragédie qu’elle raconte dans son premier roman graphique, Bye Bye Babylone, Beyrouth 1975-1979 (2010), un récit autobiographique qui ranime le Liban des années de guerre autant que la fillette de sept ans qu’elle fut. Mêlant la politique à la vie quotidienne des Libanais durant le conflit, elle humanise les habitants autant qu’elle transmet son esthétique, inspirée à la fois par les caractéristiques locales et par un style coloré transnational. Cet ouvrage, très documenté, ouvre la voie à de nouveaux romans graphiques.

Ô nuit, ô mes yeux, paru en 2015, est un vibrant hommage à l’âge d’or de la musique et du cinéma arabe. Elle démontre à nouveau son amour pour sa région natale en 2017 dans le bouleversant Ma très grande mélancolie arabe. Lamia Ziadé dessine et écrit un siècle au Proche-Orient, nous donnant à voir les drames, les espoirs, les détails de la vie d’une région trop souvent déchirée par les guerres. Sur le chemin du Sud-Liban, au côté de fedayin palestiniens, dans une manifestation cairote, l’artiste redonne vie à une vivacité politique rarement décrite avec autant de précision. Ce roman graphique nous offre un itinéraire dans une région déchirée, où sa plume et son trait déconstruisent de nombreux clichés, tout autant qu’il tisse des imaginaires colorés.

Puissantes illustrations et grandes histoires, c’est la marque de fabrique de celle qui est désormais l’une des dessinatrices les plus populaires en librairies.
Hajer Ben Boubaker

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