Ô nuit, ô mes yeux
Ô nuit, ô mes yeux : retour vers le futur ?
Du Caire à Beyrouth en passant par Jérusalem et Damas, c’est à une cartographie festive et artistique du Proche-Orient de l’âge d’or cinématographique et musical que nous invite le roman graphique Ô nuit, ô mes yeux, qui nous transporte dans des lieux emblématiques tels que l’hôtel King David de Jérusalem ou la scène de l’Opéra du Caire. Entre cabarets, studios de cinéma et villas, Ziadé trace sa filiation personnelle aux divas arabes en se centrant sur des figures féminines et en consacrant une grande partie de son roman au parcours de deux femmes d’exception : Asmahan et Oum Kalthoum. Elle rend ainsi compte du parcours de femmes qui ont conquis la scène et remis en question les structures patriarcales.
Fidèle à sa minutieuse méthodologie, elle retrace avec précision les événements marquants de la vie de nombreuses artistes. Ô nuit, ô mes yeux est le résultat d’un travail de quatre années qui fait appel à une mémoire familiale vivace, pour celle qui a grandi dans la rue où se trouvait la maison d’Asmahan à Beyrouth, et dont le grand-père avait fréquenté les plus célèbres cabarets du Caire.
L’ouvrage met en exergue les vies tumultueuses d’Asmahan et d’Oum Kalthoum, deux divas aux personnalités opposées mais liées par la magie du talent, que l’on découvre au fil de leurs parcours au travers de dessins inspirés de photos d’époque. Autour d’elles, Lamia Ziadé tisse tout un univers et convoque d’autres mythes, offrant au lecteur une échappée belle dans l’âge d’or. Généreuse en détails dans des dessins qui font honneur à la beauté des stars de l’époque, elle nous transporte au cœur d’une période de rêves, de glamour, d’amour et de vengeances. On y retrouve d’autres chanteuses, actrices et danseuses comme Fayrouz, Sabah, Laila Mourad, Nour al-Houda et Samia Gamal, souvent accompagnées de leurs confrères, amis, amoureux – ou ennemis – masculins tels Mohammad Abdel Wahab ou Farid al-Atrache.
Lamia Ziadé est aussi plasticienne. Elle a réalisé pour l’exposition « Divas, d’Oum Kalthoum à Dalida » une installation reprenant le récit de son ouvrage. Elle y mêle l’évocation du destin des deux divas à l’évolution politique et culturelle de l’Égypte. Cette installation colorée matérialise un peu plus Le Caire des cabarets, des comédies musicales et des scandales ; une œuvre nostalgique, mais aussi pleine d’espoir pour celle qui déclarait à L’Orient-Le Jour, à propos de Ô nuit, Ô mes yeux : « J’ai voulu témoigner de ce monde définitivement disparu. J’éprouvais un besoin urgent, en ces temps si sombres pour les sociétés arabes, de ressusciter ce passé inconnu des Occidentaux et oublié par les Arabes eux-mêmes. Un besoin fou de conjurer, grâce à l’évocation de cette époque fascinante, le culte du malheur et du mal-être actuels qui règnent partout dans le monde arabe. Une façon de me dire que si ça a existé un jour, ça peut revenir... »
Un pari réussi au vu du succès en librairie de son roman graphique, qui témoigne du talent de Lamia Ziadé et de l’enthousiasme que peut engendrer ce retour de l’âge d’or.
Hajer Ben Boubaker
Fidèle à sa minutieuse méthodologie, elle retrace avec précision les événements marquants de la vie de nombreuses artistes. Ô nuit, ô mes yeux est le résultat d’un travail de quatre années qui fait appel à une mémoire familiale vivace, pour celle qui a grandi dans la rue où se trouvait la maison d’Asmahan à Beyrouth, et dont le grand-père avait fréquenté les plus célèbres cabarets du Caire.
L’ouvrage met en exergue les vies tumultueuses d’Asmahan et d’Oum Kalthoum, deux divas aux personnalités opposées mais liées par la magie du talent, que l’on découvre au fil de leurs parcours au travers de dessins inspirés de photos d’époque. Autour d’elles, Lamia Ziadé tisse tout un univers et convoque d’autres mythes, offrant au lecteur une échappée belle dans l’âge d’or. Généreuse en détails dans des dessins qui font honneur à la beauté des stars de l’époque, elle nous transporte au cœur d’une période de rêves, de glamour, d’amour et de vengeances. On y retrouve d’autres chanteuses, actrices et danseuses comme Fayrouz, Sabah, Laila Mourad, Nour al-Houda et Samia Gamal, souvent accompagnées de leurs confrères, amis, amoureux – ou ennemis – masculins tels Mohammad Abdel Wahab ou Farid al-Atrache.
Lamia Ziadé est aussi plasticienne. Elle a réalisé pour l’exposition « Divas, d’Oum Kalthoum à Dalida » une installation reprenant le récit de son ouvrage. Elle y mêle l’évocation du destin des deux divas à l’évolution politique et culturelle de l’Égypte. Cette installation colorée matérialise un peu plus Le Caire des cabarets, des comédies musicales et des scandales ; une œuvre nostalgique, mais aussi pleine d’espoir pour celle qui déclarait à L’Orient-Le Jour, à propos de Ô nuit, Ô mes yeux : « J’ai voulu témoigner de ce monde définitivement disparu. J’éprouvais un besoin urgent, en ces temps si sombres pour les sociétés arabes, de ressusciter ce passé inconnu des Occidentaux et oublié par les Arabes eux-mêmes. Un besoin fou de conjurer, grâce à l’évocation de cette époque fascinante, le culte du malheur et du mal-être actuels qui règnent partout dans le monde arabe. Une façon de me dire que si ça a existé un jour, ça peut revenir... »
Un pari réussi au vu du succès en librairie de son roman graphique, qui témoigne du talent de Lamia Ziadé et de l’enthousiasme que peut engendrer ce retour de l’âge d’or.