Looking for Oum Kalthoum
Pourquoi Shirin Neshat a-t-elle choisi Oum Kalthoum comme sujet de son œuvre ?
Oum Kalthoum, icône féministe universelle : tel est le message de Shirin Neshat dans son long-métrage Looking for Oum Kulthum (A la recherche d’Oum Kalthoum, 2017, 90’). Celle qui fut affectueusement surnommée « la Voix des Arabes » a fait résonner la beauté et l’universalité de sa musique par-delà les frontières de son pays ; ainsi, la diva égyptienne jouit d’une très grande popularité en Iran. De son vivant, on désigne Oum Kalthoum par le titre de « première dame d’Égypte », titre normalement réservé à l’épouse du président de la République. La chanteuse a adopté un style de vie méconnu jusqu’alors dans le monde arabe, entre modernité et authenticité. Elle suit par exemple les tendances de la mode tout en ne portant que des tenues jugées « décentes ». Elle garde ses valeurs traditionelles en abolissant les idées arriérées d’une société sexiste. Oum Kalthoum fut souvent qualifiée de têtue car elle imposait ses décisions : c’est ainsi que, à l’époque, on décrivait une forte femme.
Looking for Oum Kalthoum a été réalisé par Shirin Neshat en collaboration avec Shoja Azari. Le film raconte l’histoire d’une réalisatrice irano-américaine, Mitra, qui tente de réaliser un film consacré à la chanteuse égyptienne Oum Kalthoum. Mitra entre dans le monde d’Oum Kalthoum telle qu’elle le conçoit et commence le tournage. Tout au long du film, elle affronte les difficultés d’un monde cinématographique dominé par les hommes. C’est l’esprit kalthoumien que tente de faire revivre la réalisatrice dans cette œuvre à mi-chemin entre documentaire et biopic, qui est bien plus qu’une simple évocation de l’Égypte des années fastes : elle questionne la place de la musique mais aussi des femmes, en créant un lien évident entre l’Iran et l’Égypte, deux pôles culturels majeurs. Dans sa quête, Mitra cherche autant à comprendre ce qui anime son personnage que ce qui pourrait l’empêcher d’exercer, alors qu’elle est elle-même confrontée à des problèmes pour tourner son film.
Shirin Neshat poursuit sa relation avec Oum Kalthoum sous d’autres formes. Son travail prend une ampleur inédite avec une série de huit photographies et de deux vidéos réalisées en 2018. Le court-métrage Remembrance (8’33’’), présenté dans le cadre de l’exposition « Divas, de Oum Kalthoum à Dalida », raconte à nouveau Oum Kalthoum à travers le regard de Neshat. Le spectateur découvre une Oum Kalthoum traversant les époques et les âges. Dans une esthétique très cinématographique, avec une attention particulière apportée à la lumière, Shirin Neshat s’inspire de l’imaginaire des affiches de films et des comédies musicales de l’époque. L’artiste iranienne crée une connivence entre le public et la star et, fidèle à son style, utilise des gros plans pour rendre compte des émotions des personnages. L’ensemble de la vidéo est un vibrant hommage à la star ainsi qu’à la femme derrière le mythe.
Dans le court-métrage In Trance, Shirin Neshat explore le tarab, cette émotion artistique maximale, proche de la transe, provoquée par les grandes interprétations. L’installation offre un effet miroir entre le public, qui brasse des profils sociologiques différents censés représenter l’Égypte dans ses composantes féminines, masculines, citadines, rurales, et Oum Kalthoum, interprétée par l’actrice palestino-égyptienne Yasmin Raeis. De longues scènes mettant en valeur les visages laissent transparaître les émotions du public, ainsi que celles d’Oum Kalthoum. Reprenant les éléments phares du look de la diva, comme le mouchoir ou la coupe de cheveux de sa jeunesse, Shirin Neshat représente aussi ses fragilités, comme sa peur de décevoir le public.
Durant son parcours d’artiste, Neshat a brossé le portrait de plusieurs figures de femmes. Elle a parfois fait appel à son imagination pour inventer les personnages de ses films : c’est le cas de Mitra, la réalisatrice de Looking for Oum Kalthoum. Souvent, elle s’est référée à son héritage en faisant référence à la femme iranienne. Aujourd’hui, c’est Oum Kalthoum qu’elle choisit pour incarner la figure de la femme féministe musulmane contemporaine.
Margaux Foucher, Hajer Ben Boubaker, Khouloud Abdelhedi
Looking for Oum Kalthoum a été réalisé par Shirin Neshat en collaboration avec Shoja Azari. Le film raconte l’histoire d’une réalisatrice irano-américaine, Mitra, qui tente de réaliser un film consacré à la chanteuse égyptienne Oum Kalthoum. Mitra entre dans le monde d’Oum Kalthoum telle qu’elle le conçoit et commence le tournage. Tout au long du film, elle affronte les difficultés d’un monde cinématographique dominé par les hommes. C’est l’esprit kalthoumien que tente de faire revivre la réalisatrice dans cette œuvre à mi-chemin entre documentaire et biopic, qui est bien plus qu’une simple évocation de l’Égypte des années fastes : elle questionne la place de la musique mais aussi des femmes, en créant un lien évident entre l’Iran et l’Égypte, deux pôles culturels majeurs. Dans sa quête, Mitra cherche autant à comprendre ce qui anime son personnage que ce qui pourrait l’empêcher d’exercer, alors qu’elle est elle-même confrontée à des problèmes pour tourner son film.
Shirin Neshat poursuit sa relation avec Oum Kalthoum sous d’autres formes. Son travail prend une ampleur inédite avec une série de huit photographies et de deux vidéos réalisées en 2018. Le court-métrage Remembrance (8’33’’), présenté dans le cadre de l’exposition « Divas, de Oum Kalthoum à Dalida », raconte à nouveau Oum Kalthoum à travers le regard de Neshat. Le spectateur découvre une Oum Kalthoum traversant les époques et les âges. Dans une esthétique très cinématographique, avec une attention particulière apportée à la lumière, Shirin Neshat s’inspire de l’imaginaire des affiches de films et des comédies musicales de l’époque. L’artiste iranienne crée une connivence entre le public et la star et, fidèle à son style, utilise des gros plans pour rendre compte des émotions des personnages. L’ensemble de la vidéo est un vibrant hommage à la star ainsi qu’à la femme derrière le mythe.
Dans le court-métrage In Trance, Shirin Neshat explore le tarab, cette émotion artistique maximale, proche de la transe, provoquée par les grandes interprétations. L’installation offre un effet miroir entre le public, qui brasse des profils sociologiques différents censés représenter l’Égypte dans ses composantes féminines, masculines, citadines, rurales, et Oum Kalthoum, interprétée par l’actrice palestino-égyptienne Yasmin Raeis. De longues scènes mettant en valeur les visages laissent transparaître les émotions du public, ainsi que celles d’Oum Kalthoum. Reprenant les éléments phares du look de la diva, comme le mouchoir ou la coupe de cheveux de sa jeunesse, Shirin Neshat représente aussi ses fragilités, comme sa peur de décevoir le public.
Durant son parcours d’artiste, Neshat a brossé le portrait de plusieurs figures de femmes. Elle a parfois fait appel à son imagination pour inventer les personnages de ses films : c’est le cas de Mitra, la réalisatrice de Looking for Oum Kalthoum. Souvent, elle s’est référée à son héritage en faisant référence à la femme iranienne. Aujourd’hui, c’est Oum Kalthoum qu’elle choisit pour incarner la figure de la femme féministe musulmane contemporaine.