Des almées aux divas
L’almée : à l’origine de la diva ?
L’almée est une figure légendaire de la musique égyptienne. Femme aux multiples talents, elle chante à l’origine pour un public exclusivement féminin, dans le cadre de fêtes privées. Chanteuse, musicienne, l’almée a nourri l’imaginaire orientaliste. En effet, les voyageurs européens ont souvent confondu dans leurs récits les almées et les danseuses pratiquant la prostitution.
Peu de sources écrites subsistent concernant la pratique des almées. Néanmoins, certains précieux enregistrements nous sont parvenus, notamment celui du Congrès de musique arabe du Caire de 1932, qui offre à entendre des chants traditionnels par la troupe de l’almée Annûsa al-Misriyya. Ils nous donnent un aperçu des musiques interprétées durant les mariages et les fêtes familiales aristocratiques.
L’entrée sur la scène publique des almées grâce à l’apparition de nombreux cafés-concerts est un tournant décisif : elle modifie fondamentalement la place des femmes dans le monde artistique en leur offrant un nouveau statut, celui de chanteuse, tout en popularisant un nouveau répertoire. Et alors qu’elles sont bien, à l’origine, des almées ou des artistes formées par des almées, les premières femmes à monter sur les planches refusent cette appellation, lui préférant celles de mutriba ou mughanniya, « chanteuse ».
Aujourd’hui largement oubliées, Bahiyya al-Mahallâwiyya, Amîna al-Sirfiyya, Amîna al-Irâqiyya et Nabawiyya Sakla enregistrent pourtant auprès des compagnies européennes de phonographes. L’élargissement de leur public repose sur cet outil de diffusion inédit et sur de nouvelles scènes, appelées casinos. Mêlant le répertoire des chants de mariage à l’égyptienne à celui du Proche-Orient, elles posent les jalons de l’émergence du statut de diva. Car ce sont des almées de profession qui ont formé musicalement des divas telles que Mounira al-Mahdiyya. Et certaines chanteuses des années 1920 ont des liens de parenté avec des almées célèbres, comme Fathiyya Ahmed, qui n’est autre que la nièce de la très célèbre almée Bamba Kassar.
Ce basculement vers un statut d’artiste est rendu possible par l’évolution de l’industrie musicale, transformée par l’apparition de l’enregistrement sonore et d’espaces comme les cabarets. Mais par-delà ce contexte, rien n’aurait été possible sans la détermination de ces femmes à vivre de leur art.
Hajer Ben Boubaker
Peu de sources écrites subsistent concernant la pratique des almées. Néanmoins, certains précieux enregistrements nous sont parvenus, notamment celui du Congrès de musique arabe du Caire de 1932, qui offre à entendre des chants traditionnels par la troupe de l’almée Annûsa al-Misriyya. Ils nous donnent un aperçu des musiques interprétées durant les mariages et les fêtes familiales aristocratiques.
L’entrée sur la scène publique des almées grâce à l’apparition de nombreux cafés-concerts est un tournant décisif : elle modifie fondamentalement la place des femmes dans le monde artistique en leur offrant un nouveau statut, celui de chanteuse, tout en popularisant un nouveau répertoire. Et alors qu’elles sont bien, à l’origine, des almées ou des artistes formées par des almées, les premières femmes à monter sur les planches refusent cette appellation, lui préférant celles de mutriba ou mughanniya, « chanteuse ».
Aujourd’hui largement oubliées, Bahiyya al-Mahallâwiyya, Amîna al-Sirfiyya, Amîna al-Irâqiyya et Nabawiyya Sakla enregistrent pourtant auprès des compagnies européennes de phonographes. L’élargissement de leur public repose sur cet outil de diffusion inédit et sur de nouvelles scènes, appelées casinos. Mêlant le répertoire des chants de mariage à l’égyptienne à celui du Proche-Orient, elles posent les jalons de l’émergence du statut de diva. Car ce sont des almées de profession qui ont formé musicalement des divas telles que Mounira al-Mahdiyya. Et certaines chanteuses des années 1920 ont des liens de parenté avec des almées célèbres, comme Fathiyya Ahmed, qui n’est autre que la nièce de la très célèbre almée Bamba Kassar.
Ce basculement vers un statut d’artiste est rendu possible par l’évolution de l’industrie musicale, transformée par l’apparition de l’enregistrement sonore et d’espaces comme les cabarets. Mais par-delà ce contexte, rien n’aurait été possible sans la détermination de ces femmes à vivre de leur art.