Asmahan #fiche

L'enfant prodige de la musique arabe

En quoi le destin de la chanteuse Asmahan est-il incroyable ?

Portrait d’Asmahan Egypte, circa 1930 Beyrouth, Fondation arabe pour l’image, collection Habib Lteif © The Arab Image Foundation
Asmahan, chanteuse et actrice (Entre Athènes et Beyrouth, 1912 ? - Le Caire, Egypte, 1944)

Aucun parcours ne nous en dit plus sur la force des mythes contemporains du monde arabe que celui de la diva Asmahan. Il y a tout d’abord sa voix, exceptionnelle, qui fera chavirer les plus grands compositeurs de l’époque et frémir jusqu’à la plus grande chanteuse arabe de son temps, Oum Kalthoum. Il y a ce visage d’une beauté rare, qui illumina les écrans de cinéma des années 1940. Il y a enfin cette vie jalonnée d’aventures, de passions et de douleurs, et cette carrière éphémère – de 1938 à 1944 –, qui continuent de fasciner aujourd’hui. Car Asmahan meurt prématurément, le 14 juillet 1944, à l’âge de 27 ans, lors d’un accident aussi tragique que mystérieux. Une vie tumultueuse, un talent incontestable et cette mort énigmatique aliment aujourd’hui encore le « mythe Asmahan ».

Asmahan est née Amal al-Atrache, au sein d’une puissante famille princière druze qui contrôle une région montagneuse du sud de la Syrie ; sa mère, Mundhir de Hasbaya, est libanaise de naissance. 1912 ? Ou plus probablement entre 1915 et 1918 ? Sa date de naissance reste un mystère, n’ayant pas été précisément enregistrée, tout comme d’ailleurs celles de ses frères Fouad et Farid.

En 1927, sa mère a déjà fui la Syrie, en proie à des heurts entre la puissance coloniale française et le clan de son époux, avec ses fils et sa fille. Elle s’installe d’abord à Beyrouth, puis à Haïfa, enfin au Caire où elle s’établit durablement. Elle divorce et, désormais sans le sou, met à profit son don pour la musique et commence à chanter pour des soirées musicales privées avec des amis musiciens. Très douée, dotée d’une solide connaissance de la musique classique, elle joue du oud, ses interprétations oscillant entre musique égyptienne et répertoire traditionnel syro-libanais. C’est aux côtés de leur mère que Asmahan et son frère Farid, qui est devenu lui aussi un des plus célèbres chanteurs arabes, apprennent les différents genres musicaux, qu’ils sauront synthétiser avec les genres vocaux égyptiens au cours de leurs carrières respectives.

Au Caire, le milieu dans lequel ils baignent est propice à un tel apprentissage : parmi les amis de la famille, il y a le compositeur Daoud Hosni, qui donnera à Amal son nom de scène, Asmahan, littéralement « la sublime ». A ses côtés, l’enfant prodige peut compter sur le soutien du pianiste et compositeur Midhat Assim, auteur des premiers programmes musicaux à la radio égyptienne, et du joueur de luth Farid Ghosn. Dans cette atmosphère, les jeunes Farid et Asmahan sont encouragés à se produire, d’abord en privé puis en public, le jeune homme en tant que musicien, Asmahan comme chanteuse.
Hajer Ben Boubaker

Partager cet article sur :